2014
La star
Au fil des siècles, les femmes furent majoritairement représentées comme des objets de désir ou de peur (déesse, prêtresse, fée, sirène, furie, sorcière, meurtrière). Dans ces représentations, l’une brille par son absence : celle d’un corps de femme drôle. Comme si le rire n’avait pas le droit de s’incarner dans un corps féminin. Le rire peut briser le désir.
Certes, il y a Valeska Gert à Berlin (1920), Joséphine Baker à Paris (1930), Lucille Ball aux Etats-Unis (1950) et plus près de nous, Emma la Clown, ou les figures du New Burlesque. Mais ces femmes talentueuses ne se sont pas créé un corps-personnage avec une gestuelle, des pensées, une vie quotidienne, un passé.
La star est un corps-personnage féminin burlesque. Un corps oisif et désaxé qui réfléchit l’angoisse de notre société bouchée, sans débouché. Un personnage qui oscille entre son quotidien clochardisé et ses rêves de grandeur.
Avec sa robe noire, ses chaussures blanches à la Daisy et sa drôle de démarche, La star est un fantôme du cinéma muet. Elle est une nomade, une sans domicile fixe, elle peut aller d’un musée à un supermarché, d’un cimetière à un théâtre. Elle est une figure de l’errance. Elle n’a pas de lieu pour habiter. Sa maison est la ville. De ces déambulations sont nées des films et des séries photographiques.
C’est en nomade que La star s’installera avec La journaliste et Le photographe dans deux lieux de danse Parisien : Micadanses et L’étoile du Nord. En nomade, qu’ils danseront neuf chorégraphies, dans les recoins ou sur la scène de ces lieux.
La star est une création chorégraphique et une installation vidéo qui se loveront, irrigueront, se déploieront dans deux lieux de danse du Centre de Développement Chorégraphique Paris-Réseau en mai 2014.
C’est une création chorégraphique où trois figures de notre monde contemporain – la journaliste, le photographe, la star – interrogent l’injonction qui nous est faite de devenir star.
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2013
La sombre sautillante
Isabelle Esposito s’invente un double mélancolique au corps burlesque : La sombre sautillante.
De résidences en résidences, de villes en villes, de Paris à Saint-Ouen en passant par le Mans et Villeneuve-Lès-Avignon, elle sculpte ce corps, en invente l’intériorité et les mots.
La sombre sautillante est une vieille enfant, clochardisée et coquette. Issue de la grande famille des saltimbanques, des bouffons, des vagabonds, des errants, elle n’a pas de lieu pour habiter. La scène de théâtre, avec son confort – eau, électricité, chauffage ! Youppiiiii – est le lieu où elle a (provisoirement) posé son paquetage.
Sans y prendre garde, par petites touches, en étant juste au cœur, elle nous parle de notre monde bouché sans débouchés et des modèle de réussite qu’il nous impose (devenir riche, star). La drôlerie naît du décalage entre sa réalité clochardisée et ses rêves.
La sombre sautillante a une vie sur scène et en images. Ses remous, petits films d’art, tournés à Paris, Saint-Ouen et ailleurs, la montrent dans ses activités loufoques, ses errances dans les villes.
L’enjeu de cette aventure artistique est de donner l’épaisseur d’une vie à un pur personnage de fiction.
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